Sources:Quotidien le Jour
L’emploi à vie de nos parents a du plomb dans l’aile. Les mutations socio-économiques obligent de plus en plus à se recycler, à se former, à retourner apprendre. Au prix de contraintes et de contorsions.
Des mobiles bien solides
Journaliste au quotidien Mutations, Marion Obam a bonne mine, ces temps-ci. Oh ! Pas simplement pour son récent conjungo. Mais aussi pour la mutation fondamentale qu’elle est en train d’opérer et qui touche à sa vie professionnelle. C’est que, voilà deux ans, Marion Obam est retournée à l’école. A l’université de Poitiers. Pour une formation à distance en marketing et management. Pas moins. De la même manière, Jimmy Kana, cadre financier à Yaoundé, a mis le cap sur la Grande Bretagne, il y a quelques années, pour passer ces certificats d’expertise comptable. Après avoir travaillé pour British american tobacco (Bat) comme Operations finance manager, il a suivi un programme de formation professionnelle de la Chartered institute of management accountant (Cima) à la London school of business and finance pour devenir certified accountant. Excusez du peu. Et pardon pour tous ces anglicismes. D’ailleurs, Jimmy Kana, lui-même, entendait parfaire son anglais.
Et nous mettre en difficulté. Thank you, c’est réussi.
Autre trajectoire, celle de Marjorie Mbarga, employée dans une société pétrolière à Douala, qui s’est inscrite à l’Essec, l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales, pour y obtenir une maîtrise en organisation et management. Des exemples comme ceux-là, il y en a à la pelle. Qui illustrent bien une tendance qui s’affirme. On retourne de plus en plus à l’école alors que l’on a déjà un emploi. Pourtant, le schéma en vigueur, jusqu’ici, consistait à terminer ses études, à trouver un emploi, à se caser ad vitam æternam. Non sans mettre une croix sur les bancs où on avait souvent souffert le martyr. Ouf, l’école est finie !
L’école ne finit plus. On y revient. Et c’est à se demander comment et pourquoi. Dans un bon nombre de cas, le travailleur ressent comme une insatisfaction à un moment. Pour Marion Obam, le déclic est survenu il y a quelques années. « Je voulais m’ouvrir d’autres opportunités, améliorer mon niveau d’études. » Une première tentative est découragée par les rigueurs d’une grossesse. Mais décidée, le reporter remet ça qui est d’ailleurs confortée par une situation en entreprise qui remet en cause ses certitudes : « J’étais dans un cul de sac, je ne créais plus, j’étais blasée par la routine. » Secrétaire au départ dans la société qui l’emploie, Marjorie Mbarga, elle, tournait en rond. « C’était les mêmes tâches : le courrier, faire du café au patron, saisir des lettres, etc. »
Marjorie, pour des raisons personnelles, n’avait pas pu aller au-delà d’un Brevet de technicien supérieur (Bts). « Après un diplôme de sténo dactylo, je me rendais compte que mon niveau de connaissances ne représentait rien par rapport à tout ce que l’enseignement peut offrir. Pour moi qui avais toujours voulu faire un métier commercial, je me trouvais à la limite ignorante. Pourtant, je n’étais pas une sorte de sous homme. Je pouvais améliorer ma condition. » Autre cas, celui de Rose Toukem, assistante de direction dans une Pme à Douala. Nantie d’une licence en biochimie, elle y a ajouté une formation en secrétariat informatique. Un profil qui lui a permis de trouver un emploi. Mais insatisfaite, Rose Toukem veut amender son Cv et pense, elle aussi, à l’Essec.
Les contraintes de l’employabilité
Responsable du département des ressources humaines chez l’assureur Axa, Manfred Timba livre une première explication. Là-bas, le diplôme de base est la licence. Si vous y avez été recruté avec un Bts, « cela vous pose à vous-même un problème. Vous avez alors nécessairement envie d’obtenir une licence. Ça devient un défi. Les métiers, dont le nôtre changent. Et aujourd’hui, le monde de l’emploi est envahi par la notion de l’employabilité qui se comprend de deux manières.
D’abord, l’employabilité, pour quelqu’un qui sort de l’école, c’est la capacité à trouver un premier emploi. Ensuite, l’employabilité est la capacité à adapter sa compétence à l’évolution de l’entreprise de manière à s’y adapter mais aussi à trouver de nouveaux débouchés et donc, un nouvel emploi ». Pour Jean-Marie Ekoka, directeur des ressources humaines aux Brasseries du Cameroun, la scolarisation était faible dans le temps. Bien d’entreprises traînent encore des générations de travailleurs qui n’ont pas bénéficié de certains enseignements. Ça et là, l’on recrutait avec le Certificat d’aptitude professionnelle (Cap). Aujourd’hui, pas grand monde ne frappe aux portes du monde de l’emploi avec un Cap. Du coup, tout ceux qui étaient entrés là avec leur Cap, même par fierté, font des pieds et des mains pour améliorer leur niveau d’études.
Des raisons plus personnelles et même égotistes peuvent se greffer au besoin de retourner à l’école mais, dans tous les cas, ce n’est jamais une décision facile à prendre. Les mobiles de départ doivent en effet être suffisamment forts. Et si vous n’avez pas l’énergie suffisante pour retourner dans les salles de classe, vous n’aurez pas la force de vous décider. Tous ceux qui ont dû y passer sont unanimes. Directeur de l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec) de Douala, Emmanuel Kamdem peut en témoigner.
« Ce n’est pas facile, surtout dans notre contexte camerounais et africain. Chez nous, retourner à l’école, même s’il s’agit d’aller en programme de formation continue, ça suppose qu’on reprenne d’anciennes habitudes : arriver à l’heure, faire des devoirs demandés par l’enseignant, etc. C’est pas facile et je le vois d’ailleurs avec les difficultés qu’ont nos étudiants en filière de formation continue »Marié et père, Jimmy Kana a eu du mal à se décider. Contrairement à d’autres, lui a dû quitter son travail pour retourner à l’école. Ce qui supposait donc des revenus en moins pour sa famille. Pour les autres, la question se pose en d’autres termes. Concilier le travail avec les études. « Il faut carrément réorganiser sa vie pour faire face aux contraintes des études et ne pas négliger le rendement au travail qui doit être le même ». Avis. C’est que, même si l’employeur est bien au courant de ce que l’employé est retourné à l’école, il entend bien que ce dernier reste à son poste.
Heureusement, si l’on peut dire, pour les cas de Marjorie et de Rose, les cours démarrent en début de soirée et se poursuivent jusqu’à une certaine heure de la nuit. Rose, qui vit actuellement son « calvaire », reconnaît qu’elle a dû prendre sur elle pour adopter le rythme. « Femme au foyer, je suis toujours fatiguée. Même les week end sont pris. Je rentre à la maison vers 22 heures. Je dois me lever très tôt, vers 5 heures du matin, pour un peu lire mes cours. Avant de prendre le chemin du bureau ». « C’est très compliqué, soupire Marjorie qui en a proprement bavé. Après toute une journée de boulot au travail, tu dois prendre la route de l’école. Là-bas, t’attendent les cours, les travaux dirigés, les recherches de toutes sortes, les examens. Il faut valider avec un minimum de 12 de moyenne. » La vie sociale ou normale doit se poursuivre et Marjorie n’a alors que le dimanche pour faire la cuisine, le ménage, la lessive ou pour aller chez la coiffeuse ou à l’église. « J’ai tout arrêté : plus de loisirs, plus de voyage. Tu ne peux pas jongler, tu dois étudier et rester productif au travail».
Comme si ça ne suffisait pas, une autre contrainte, préalable celle-là, en rajoute à ce tableau. Les études ont un coût et il faut trouver l’argent pour faire face. Tenez, grince Rose Toukem, « la pension revient à 800 000 francs Cfa l’année. Il faut y ajouter les fascicules et tout ce qu’il faut puisque vous êtes retourné à l’école. » Pour certains, il s’agit d’une vraie difficulté qui provoque bien des abandons. Les cas dans lesquels l’employeur accompagne l’apprenant existent bel et bien mais répondent à une logique bien précise. Le rôle de l’employeur est en effet important.
Et l’employeur dans tout ça
Marjorie n’avait pas du tout été encouragée par son supérieur direct. « Certains croient, fait perfidement remarquer Marion, qu’une fois votre formation terminée, vous viendrez prendre leur place ». Ils vous mettent donc « les bâtons dans les roues et créent des trucs pour vous bloquer », renchérit Marjorie. Dans le cas où l’initiative de la formation vient de l’employé, de l’agent ou du cadre, il doit en informer sa hiérarchie. Il reste tenu par son contrat de travail avec ce qu’il y a comme obligations et objectifs à atteindre. Directeur des ressources humaines aux Brasseries du Cameroun, Jean-Marie Ekoka sait que dans son entreprise, parce qu’il y a de l’émulation, chacun voulant dépasser l’autre, il y a des gens qui d’eux-mêmes, veulent aller se former et améliorer leurs capacités. « Nous les encourageons. Si un employé nourrit un tel projet, nous pouvons même lui prêter de l’argent pour ce faire puisque nous pensons que nous gagnerons dans l’opération ». L’entreprise s’entend.
Là réside le noeud de l’affaire. « Très peu d’employeurs le comprennent. Sauf ceux qui ont une vraie culture d’entreprise, qui ont été formés ailleurs et qui savent que la formation d’un employé est toujours un acquis ». Quand elle a entrepris de retourner à l’école, Marion Obam a dû démontrer de manière très claire l’intérêt que la société gagnerait à travers ses nouvelles compétences. Une vraie proposition. Convaincue, l’entreprise a accepté de payer une partie des frais de formation. Un vrai coup de pouce qui, insistons, s’arrête là. Il vous faudra travailler comme par le passé et obtenir des autorisations en bonne et due forme pour la période des examens.
Ceux et celles qui retournent à l’école ne le savent peut-être pas eux-mêmes. « Ils sont en permanence stressés et tiraillés », soutient Manfred Timba. On le ressent dans leurs attitudes. Il y a quelque chose qu’il sacrifie. Dans bien des cas, c’est le volet académique qui est sacrifié. Je ne sais pas ce qu’en pensent les enseignants. Ils sont toujours fatigués, ils supportent tout le poids de la journée et n’ont pas la disponibilité pour faire les devoirs. Quand ils ne peuvent pas tenir, c’est généralement leurs cours qu’ils laissent tomber et pas le travail ». Si le directeur de l’Essec estime le taux d’abandon entre 6 à 8% dans les filières de formation continue dans son établissement, Marjorie se souvient qu’au bout de sa deuxième année à l’Essec, seule une dizaine d’étudiants avait terminé la formation sur la soixantaine qui avait pris le départ. Pour un enseignant qui a requis l’anonymat, « bien de tous ces cadres qui viennent ici ne suivent pas vraiment le rythme des enseignements avec tout ce que ça suppose. Ils viennent en réalité acheter des diplômes ». La mal bouche !
Dans tous les cas, si malgré la frénésie entre boulot et cours, les nouveaux étudiants décrochent leur parchemin ou achèvent simplement leur formation, d’heureuses perspectives s’ouvrent alors. En principe. Jimmy Kana s’extasie : « Le retour à l’école m’a apporté énormément sur plusieurs plans : intellectuellement, professionnellement et socialement. Même si les objectifs ne sont pas totalement atteints puisque j’ai encore des échéances à venir. Toutefois, rendus où nous sommes, la satisfaction est grande ». Marjorie Mbarga n’a pas vu les choses de la même manière avant que sa situation ne s’améliore. «Dès que tu as ton diplôme, ta situation ne change pas du tout. Parfois, il faut même chercher du travail ailleurs ».
Fort de ses nouvelles aptitudes, l’employé croit alors que l’employeur doit en tenir compte, lui confier de nouvelles responsabilités ou lui offrir un meilleur traitement. « La première chose qu’ils veulent et réclament en effet, c’est le reclassement, observe Manfred Timba. Des lettres nous parviennent alors dans lesquelles ils nous informent de ce qu’ils ont obtenu tel ou tel diplôme. C’est là leur première motivation, l’ego donc. Ils ne sont pas préoccupés par la rentabilité de l’entreprise. Cela dit, l’entreprise en tire profit parce qu’ils reviennent avec un meilleur confort intellectuel et plus de confiance en eux-mêmes ». C’est déjà ça. En attendant que ça donne l’argent.
Précision de Emmanuel Kamdem : « Nécessaire pour faire carrière durablement »
A à en croire le directeur de l’Ecole supérieure des sciences économiques et commerciales (Essec) de Douala, la formation continue se développera davantage.
Qu’est-ce que l’Essec offre aux cadres qui souhaitent se former de nouveau ?
Ce que l’Essec offre, c’est un certain nombre de filières de formation continue qui s’adressent aux personnes déjà en service dans les entreprises, qu’il s’agisse des cadres, des dirigeants ou des personnes qui ont créé, elles-mêmes, leurs entreprises. Et nous avons présentement la filière d’étude en administration des affaires qui prépare au diplôme de Master of business administration (Mba). L’entrée se fait sur étude de dossier avec diplôme de licence plus deux années au minimum d’expérience professionnelle. Ensuite, nous avons la filière d’études professionnelles en organisation et management qui débouche sur le diplôme de maîtrise professionnelle en organisation et management. Elle recrute les candidats qui ont un Bts ou un Dut et qui ont au moins deux ans d’expérience professionnelle en entreprise. Nous avons également la filière d’études professionnelles en gestion des petites et moyennes entreprises. Qui recrute au niveau de la licence des personnes en activité professionnelle avec au moins deux ans d’expérience professionnelle et titulaires d’une licence pour des études qui durent deux ans.
A partir de quand avez-vous introduit ces filières et pour quelles raisons ?
Nous les avons introduites à partir de 2002 parce que les entreprises se sont de plus en plus adressé à nous pour leur proposer des programmes de formation qui permettraient à leurs cadres en activité de renouveler leurs connaissances, d’ouvrir leurs connaissances en matière de gestion à de nouvelles préoccupations. Il faut bien comprendre que le management est une pratique au quotidien. Si nous partons de cette hypothèse, on peut se poser la question de savoir si cette pratique est constante avec le temps. Est-ce que la manière de tenir une comptabilité est toujours la même ou est-ce qu’elle peut changer ? Nous savons qu’aujourd’hui, il y a beaucoup de mutations dans le monde de l’entreprise. Il y a cette mondialisation qui amène des transformations énormes dans la manière de penser et de gérer l’entreprise. Nous avons de nouvelles dispositions comme celles de l’Ohada, cet organisme interafricain qui harmonise l’application du droit des affaires dans les pays africains francophones. On peut en dire autant de la Cima pour le marché de l’assurance. Avec des habitudes, des structures, des institutions nouvelles dans le management des entreprises, il va de soi que les personnes qui étaient déjà en activité par le passé vont avoir besoin de nouveaux savoir-faire pour s’adapter.
Un métier est-il donc une réalité mouvante ?
L’exercice d’un métier met en évidence deux éléments fondamentaux. D’abord, le profil du poste que les anglo-saxons appellent le job description, c’est-à-dire quelles sont les exigences techniques requises pour occuper le poste et assumer les responsabilités liées à celui-ci. Lorsqu’on a défini ce profil, il faut maintenant savoir quelles sont les personnes susceptibles d‘occuper le poste. On passe alors du profil du poste au profil de l’individu, la définition des exigences et des critères nécessaires. Vous conviendrez avec moi que si vous faites une description de poste qui met en évidence la nécessité d’avoir de nouvelles habiletés, connaissances et expertises, comment vous allez procéder pour que les personnes en poste acquièrent ces nouvelles aptitudes ? D’où l’idée d’organiser la formation continue diplômante ou non diplômante et dans le cas de l’Essec, nous sommes davantage dans la formation continue.
La dynamique a-t-elle été amorcée par les entreprises ?
Non. Dans la tradition des grandes écoles de business, on retrouve toujours cette dynamique bipolaire formation initiale-formation continue. C’est une vieille tradition que l’Essec n’a pas inventée. Dans toutes les écoles de management comme les écoles d’ingénieurs, vous avez des programmes de formation pour les candidats qui sortent de l’enseignement secondaire et des programmes pour des candidats qui, en plus d’avoir un diplôme, ont déjà eu à assumer des responsabilités par le passé. Nous n’avons pas, à proprement parler, initié cette dynamique. Ce que nous avons fait, c’est que nous avons répondu à une demande effective des entreprises de créer des filières de formation.
Mais il semble bien que ce sont les personnels eux-mêmes qui manifestent le besoin de rentrer à l’école…
C’est tout à fait normal parce que c’est la personne qui est en poste qui ressent le besoin. Vous êtes journaliste et travaillez sur le terrain. Il est normal que vous exprimiez à votre directeur de publication le besoin de vous former aux nouvelles technologies de l’information et de la communication. Vous pensez alors que si vous ne pouvez pas surfer sur Internet, vous n’aurez pas les informations fraîches. Or, c’est vous qui êtes sur le terrain à la recherche de l’information, qui ressentez ce besoin et qui pouvez donc l’exprimer à votre directeur de publication. Je ne dis pas que celui-ci n’a pas qualité. S’il est journaliste, il le comprendra. Mais, il est tout à fait normal que ce soit les personnes en poste qui ressentent le besoin de se former ou de retourner à l’école. Mais c’est un sacrifice nécessaire si on veut faire carrière durablement. C’est une nécessité. Il s’agit d’ailleurs d’une tendance qui va s’affirmer. Nous le voyons avec l’augmentation des effectifs dans nos filières de formation continue.
Addenda : La malformation continue
Chez nous, toutes les entreprises ne perçoivent pas la nécessité pour leur personnel de se former.
La question de ces cadres, agents et autres travailleurs qui retournent à l’école amène à considérer l’importance que chaque entreprise apporte à la formation continue et au perfectionnement de son personnel. Sur ce plan, il semble que la situation n’est pas spécialement luxuriante pour l’ensemble des entreprises camerounaises. Il existe des entreprises dans lesquelles la politique de formation constitue une préoccupation majeure en matière de gestion des ressources humaines, c’est-à-dire qu’elles mettent beaucoup de ressources dans la formation du personnel et font même en sorte que la formation continue du personnel soit vue comme un aspect stratégique du développement de l’entreprise. Elles ont alors le souci de la fidélisation du personnel, c’est-à-dire faire en sorte que le personnel qui entre en entreprise puisse avoir une traçabilité dans la définition de son plan de carrière sur plusieurs années.
Mais il faut distinguer plusieurs types de formation. Celles de type professionnel qui cadrent directement avec le métier de l’entreprise, avec l’activité exercée par l’employé ou avec les perspectives qui pourraient se présenter au sein de l’entreprise. Celle-ci y voit son utilité. Dans ces cas, quelques entreprises, à l’instar de Axa, révèle le responsable des ressources humaines, Manfred Timba, ont mis en place des mécanismes de financement partiel qui obligent l’employé à rester dans la boîte pendant une certaine durée. Une dotation budgétaire est même arrêtée chaque année pour ce faire. Un programme de formation interne existe d’ailleurs.
L’autre cas est celui des formations qui intéressent l’employé qui recherche un diplôme supplémentaire. Technicien, vous souhaitez décrocher un diplôme de technicien supérieur par exemple. S’il s’agit d’un diplôme professionnel, certaines conventions collectives obligent les employeurs à reclasser l’employé ou à lui accorder une bonification d’échelon. L’employeur, à sa discrétion, peut décider d’accompagner son agent qui, lui-même, peut rester ou non au sein de l’entreprise après avoir eu son diplôme. Le troisième cas est celui, un peu caricatural, du responsable des ressources humaines qui veut s’initier à la botanique par plaisir. Dans ce cas, votre épanouissement personnel n’intéresse pas l’employeur qui sera informé et informé des horaires de votre formation qui ne devraient pas avoir d’incidence sur le travail. Aux Brasseries du Cameroun, l’on part de l’idée qu’il y a bien souvent des écarts entre les postes de travail et les compétences des personnels.
Ces gaps doivent être autant que possible comblés et sont d’ailleurs appelés opportunités de formation. De la même manière, les postes occupés peuvent être enrichis et ouvrent également à des opportunités de formation. Un plan de formation est d’ailleurs dressé chaque année sur la base des évaluations qui donnent lieu à des possibilités de formation. « Si on s’aperçoit par exemple qu’une certaine population ne maîtrise pas Excel, nous allons organiser une formation pour cela. De la même manière, quand de nouveaux équipements sont acquis, le personnel concerné doit se former ».
Il existe également et malheureusement des entreprises où la formation du personnel est secondaire, pour ne pas dire marginale ou occultée. « Ce qui les intéresse alors, se plaint le directeur de l’Essec, c’est ce que fait le personnel au quotidien. Lorsqu’un collaborateur ne peut plus faire ce qui lui est demandé, on le remercie et on recrute quelqu’un d’autre. Ça provoque donc un turn over, une rotation de personnel élevé.» Ouvrez l’œil, ces boîtes-là, vous les reconnaîtrez par vous-mêmes.